Au départ solution d’appoint, la neige de culture est devenue un outil indispensable dans les stations de ski où l’enneigement naturel se réduit d’année en année à cause du réchauffement climatique.
En 1989-90, les stations de ski ont vu leur fréquentation chuter de 30 %. C’était le premier grand hiver sans neige. Pour éviter que de telles situations se reproduisent, les domaines ont investi massivement dans la production de neige de culture. Quelque 30 % des pistes françaises sont aujourd’hui équipées. Focus sur le business de l’or blanc.
La science à la rescousse
Si les premiers canons à neige ont été inventés vers 1960, c’est véritablement à la fin des années 80 qu’ils sont arrivés dans les stations. Bien qu’on ait tendance à parler de neige artificielle, ce système n’a rien à voir avec la poudre que vous parsemez sur votre sapin.
Cette neige de culture – le terme exact – est obtenue en pulvérisant de multiples gouttelettes
sous pression dans un air à température négative afin qu’elles gèlent et forment des flocons. Les nivoculteurs, les professionnels chargés de créer cet or blanc, sont donc continuellement à l’affût des conditions météorologiques idéales puisque cette production démarre en général à -2 ou -3 °C, voire à 0° si le taux d’humidité de l’air est très faible.
Au départ considérées comme une solution d’appoint ponctuelle, et plutôt mal perçues par les skieurs, ces machines sont en quelques années devenues un élément essentiel de préparation du domaine skiable. Le plus gros de la production de neige de culture a ainsi lieu entre novembre et décembre, afin de former une bonne sous-couche.
Une bonne alternative ?
Poste budgétaire important pour les stations de montagne, les canons à neige représentent un investissement de
quelque 300 millions d’euros pour l’ensemble du domaine skiable français. Près de 15 % d’un forfait de ski sert d’ailleurs à financer ces équipements. Mais le résultat est-il au rendez-vous ? En termes de fréquentation, c’est évident. Lors du très faible enneigement de l’hiver 2006-2007, la neige de culture a permis de limiter la baisse de fréquentation à 15 %.
En termes de sensations de ski, en revanche, le bilan est plus mitigé. La poudreuse naturelle a en effet cet avantage indéniable d’être moelleuse et très aérée, ce qui permet une glisse plus douce et un son amorti. À l’inverse, la neige de culture est beaucoup plus compressée et dense, ce qui la rend plus dure et moins adhérente sous le ski. Sa qualité se dégrade également plus vite et elle se transforme donc rapidement en glace.
Des enjeux en balance
Il n’empêche, les enneigeurs envahissent tous les domaines skiables. En France, l’objectif est d’équiper 50 % des pistes d’ici à 2020, sachant que 60 % de celles d’Autriche et 70 % de celles d’Italie le sont déjà. Cette course est d’autant plus urgente qu’on estime que quatre-vingts stations françaises situées en moyenne montagne seront menacées de fermeture d’ici trente ans à cause du réchauffement climatique. Et, à la fin du siècle, il ne devrait plus guère neiger en dessous de 1 800 m d’altitude. Avec 150 000 emplois en jeu, les canons ne sont donc pas près de s’arrêter !
Signature: Julie Polizzi