SANS LE SAVOIR, VOUS ÊTES PEUT-ÊTRE EXPOSÉ DEPUIS DES DIZAINES D’ANNÉES À UNE FORTE CONCENTRATION DE GAZ RADIOACTIF D’ORIGINE NATURELLE DANS VOTRE MAISON. MAIS BIENTÔT, ON DEVRA VOUS EN INFORMER.
C’est un fait désormais bien connu : nos intérieurs sont tout autant pollués, si ce n’est plus, que l’extérieur. Outre les produits du quotidien contenant des substances toxiques, les bâtiments eux-mêmes peuvent dissimuler des éléments nocifs, sans compter les risques d’exposition à des éléments dangereux liés à la zone de construction. Le radon en fait partie.
UN RISQUE MÉCONNU
Il s’agit d’un « gaz radioactif issu de la désintégration de l’uranium et du radium présents naturellement dans le sol et les roches », explique l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, l’Irsn. Dans l’air, le sol et l’eau, le radon est partout. Or, il a été classé comme cancérigène certain pour le poumon depuis 1987. Pire, l’Irsn rapporte que « d’après les évaluations conduites en France, le radon serait la seconde cause de cancer du poumon, après le tabac et devant l’amiante : sur les 25 000 décès constatés chaque année, 1 200 à 3 000 lui seraient attribuables ».
Les risques sont toutefois faibles à l’air libre, puisque ce gaz s’y dilue rapidement. À l’inverse, les lieux confinés tels que « les bâtiments en général et les habitations en particulier » piègent le radon. D’après une campagne de mesures réalisée entre 1982 et 2003, les logements français sont exposés à 90 Bq/m3 (becquerel par mètre cube) par an en moyenne. Mais cette concentration est beaucoup plus élevée dans les territoires composés de formations géologiques plus riches en uranium, comme le Massif armoricain, le Massif central, la Corse ou les Vosges. Alors que les habitations parisiennes n’affichent que 24 Bq/m³, les mesures sont de 264 Bq/m³ en Lozère.
PLACE À L’ACTION
À défaut de limites réglementaires en la matière, la Commission européenne estime qu’il est nécessaire de réduire les concentrations de gaz lorsqu’elles dépassent les 300 Bq/m3 en moyenne annuelle. Commencez donc par consulter la cartographie établie par l’Irsn afin de connaître le potentiel de radon de votre commune, en vous rendant sur son site www.irsn.fr, rubrique « Base de connaissances », puis « Surveillance de l’environnement ». Si votre ville affiche une forte concentration de gaz radioactif, il sera nécessaire d’évaluer précisément votre exposition dans votre logement grâce à un dosimètre radon commercialisé par des sociétés spécialisées listées par l’Irsn.
Le cas échéant, vous pourrez ensuite prendre plusieurs mesures pour diminuer votre exposition. Ouvrir régulièrement les fenêtres, voire installer une ventilation mécanique adaptée permet ainsi d’éliminer le radon présent chez vous, tandis que vous pouvez limiter son entrée en renforçant l’étanchéité entre le sol et le bâtiment.
UNE INFORMATION RENFORCÉE
Parce qu’un achat immobilier vous engage durant de nombreuses années, la loi impose que le vendeur vous fournisse un certain nombre d’éléments liés aux risques auxquels vous serez exposés : présence de plomb, d’amiante, de termites, de mérule ou encore état des risques naturels, miniers et technologiques. Pourtant, malgré le danger d’une exposition prolongée au radon, aucune réglementation n’impose actuellement d’avertir l’acheteur ou même le simple locataire. Or, cela est en passe de changer.
Une ordonnance du 10 février prévoit en effet qu’à partir du 1er juillet 2017 au plus tard, l’état des risques naturels, miniers et technologiques fourni par le vendeur et le bailleur d’un bien immobilier intègre obligatoirement l’information sur le risque d’exposition au radon.
DES AIDES POUR SE PROTÉGER
Dans la mesure où une forte exposition prolongée au radon peut avoir un effet néfaste sur la santé, les travaux d’amélioration nécessaires pour limiter ces risques dans le logement peuvent bénéficier d’une subvention de l’Agence nationale de l’habitat (Anah). Un certain nombre de conditions sont toutefois exigées :
– pour qui : pour les propriétaires occupants ou bailleurs sous réserve d’un plafond de ressources.
– pour quels bâtiments : le logement doit être achevé depuis au moins 15 ans.
– pour quels chantiers : si les « travaux nécessaires pour traiter les immeubles soumis à la présence de radon » sont recevables, ils doivent également coûter au moins 1 500 € HT, sauf pour les propriétaires occupants très modestes pour lesquels aucun seuil n’est exigé.
Plus d’informations au 0820 15 15 15 (0,12 € TTC/min).